Malgré un âge médian de 61 ans de son public et les habituels clichés qui lui sont attachés, la musique classique est toujours aussi vivante et même prête à se renouveler. En terme d’audience, elle a ses réguliers et en 2022, 2% des Français disent assister au moins une fois par mois à un concert et 4% y vont une fois par mois.
Un public surprenant
Le constat est imparable. La musique classique traîne une réputation de musique réservée au sénior. Ce n’est pas étonnant, quand on sait que l’âge médian du public de la musique classique, en France, est de 61 ans, alors qu’il était à 36 ans dans les années 80. Sa popularité est donc en recul auprès des publics les plus jeunes.
Selon cette même étude, cette tendance ne tient pas vraiment à une supposée évolution des goûts musicaux avec l’âge. En effet, cela s’expliquerait plus par l’expérience musicale vécue pendant l’enfance. Menée par le sociologue Stéphane Dorin, l’étude a indiqué que la moitié du public des concerts classiques a bénéficié d’une formation musicale dans sa jeunesse. Le quart a même fait son temps au conservatoire. Autrement dit, si vous n’êtes pas éduqué à la musique classique, vous n’y viendrez pas facilement tout seul.
Etonnamment, une bonne partie des 20 à 25 ans écoute de la musique classique. En réalité, ce sont les 30 à 49 ans qui boudent les salles de concert. Un fait dû à une vie partagée entre le travail et la famille.
Une musique sans cesse renouvelée et réinventée
Si les compositeurs classiques ne sont plus que poussière aujourd’hui, leur œuvre ne cesse de fasciner les artistes comme son public. En témoignent les nombreux concerts qui continuent à faire vivre cette musique. Les œuvres originales sont jouées avec passion par de nombreux orchestres et solistes.
On assiste aussi à un mélange entre classique et influences plus récentes. Une façon pour la musique savante d’intégrer d’autres sphères en bousculant les codes du genre. Le festival « Les beaux jours », par exemple, marie musique classique et jazz.
Par ailleurs, nombreux musiciens et compositeurs néo-classiques continuent de faire vivre la grande musique, à l’image des Bach d’antan. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ces explorateurs expérimentent de nouvelles esthétiques, créant leurs propres courants. Le sérialisme intégral, porté en France par René Leibowitz ou encore Pierre Boulez. La musique concrète et électroacoustique ou encore l’indétermination ou le minimalisme, apparu aux États-Unis et même la musique spectrale, un mode de composition attribué aux Français Gérard Grisey et Tristan Murail.
Consommation de musique classique
En terme de consommation, la musique classique est aujourd’hui présente sous de nombreux formats. En plus de programmations plus traditionnelles, les festivals dédiés à cet art sont disséminés à travers le pays. Le Festival de musique de Saint-Denis, Un Violon sur le sable, le Festival international de la musique de Besançon et Franche-Comté et de nombreux autres. Des concerts atypiques voient également le jour. Les mini-concerts de 30 minutes à 1 heure pensés pour les pauses déjeuner et les sorties de travail, concerts pour enfants, etc.
La musique classique s’est aussi invitée en ligne, hors des salles traditionnelles. 32% de la musique classique est écoutée en streaming en 2021, contre seulement 11% en 2017. Par contre, si ce genre composait 81% des ventes de support physique en 2017, le taux recule à 65% en 2021. L’ère est à la consommation digitale et numérique, c’est désormais acté.
Malgré tout, la musique classique, comme le reste de la culture classique, tend aujourd’hui à décliner. Il reste aux acteurs du milieu à explorer de nombreuses pistes afin de « décloisonner » cet art, souvent perçu comme réservé à une certaine élite.